Forums Aéromodélisme

une actualité signé...
 
Notifications
Retirer tout

une actualité signée Jean de La FONTAINE

8 Posts
5 Utilisateurs
0 Likes
602 Vu
(@jose)
Posts: 1855
Noble Member
Début du sujet
 

un sacré visionnaire, ce Jean de la Fontaine !

> LE CHIEN ET LES CHACALS !!!!!

JAMAIS APPRISE A L'ECOLE , mais d'actualité malgré son âge

Du coquin que l'on choie, il faut craindre les tours
Et ne point espérer de caresse en retour
Pour l'avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent.
C'est ce dont je désire, lecteur, t'entretenir.

Après dix ans et plus d'homériques batailles,
de méchants pugilats, d'incessantes chamailles,
Un chien était bien aise d'avoir signé la paix
avec son voisin, chacal fort éclopé
Qui n'avait plus qu'un œil, chassieux de surcroît,
Et dont l'odeur, partout, de loin le précédait.

Voulant sceller l'événement
et le célébrer dignement,
Le chien se donna grande peine
Pour se montrer doux et amène.

Il pria le galeux chez lui,
le fit entrer, referma l'huis,
L'assit dans un moelleux velours
Et lui tint ce pieux discours :

« Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous !
Profitez, dégustez, sachez combien je voue
D'amour à la concorde nouvelle entre nous !
Hélas, que j’ai de torts envers vous et les vôtres,
Et comme je voudrais que le passé fût autre !
Reprenez de ce rôt, goûtez à tous les mets,
Ne laissez un iota de ce que vous aimez ! »

L'interpellé eut très à cœur
D'obéir à tant de candeur.
La gueule entière à son affaire,
Il fit de chaque plat désert
Cependant que son hôte affable
Se bornait à garnir la table.

Puis, tout d'humilité et la mine contrite,
En parfait comédien, en fieffée chattemite,
Il dit : «Mais, j'y songe, mon cher,
Nous voici faisant bonne chère
Quand je sais là, dehors, ma pauvrette famille :
Mes épouses, mes fils, mes neveux et mes filles,
Mes oncles et mes tantes que ronge la disette,
Toute ma parentèle tant nue que maigrelette.
Allons-nous les laisser jeûner jusqu'au matin ? »

"Certes non ! » répliqua, prodigue, le matin,
Qui se leva, ouvrit, et devant qui passèrent
Quarante et un chacals parmi les moins sincères.
Sans tarder cliquetèrent les prestes mandibules
Des grands et des menus, même des minuscules.
Ils avaient tant de crocs, de rage et d'appétit,
Ils mangèrent si bien que petit à petit
Les vivres s'étrécirent comme peau de chagrin
Jusqu'à ce qu'à la fin il n'en restât plus rien.

Ce que voyant, l'ingrat bondit :
« Ah ça, compère, je vous prédis
Que si point ne nous nourrissez
Et tout affamés nous laissez
tandis que vous allez repu,
La trêve entre nous est rompue !»

Ayant alors, quoi qu'il eût dit,
Retrouvé forces et furie,
Il se jeta sur son mécène,
Et en une attaque soudaine
il lui récura la toison,
Aidé de toute sa maison.
Puis, le voyant à demi-mort,
De chez lui il le bouta hors.

Et l'infortuné crie encore
«La peste soit de mon cœur d'or ! »

Retenez la leçon, peuples trop accueillants :
À la gent famélique, point ne devez promettre.
Ces êtres arriérés, assassins et pillards
marchent en rangs serrés sous le vert étendard.
Vous en invitez un, l'emplissez d'ortolans,
Et c'est jusqu'à vos clefs qu'il vous faut lui remettre.

Jean de LA FONTAINE

 
Posté : 17/11/2015 1:29 pm
(@jose)
Posts: 1855
Noble Member
Début du sujet
 

un sacré visionnaire, ce Jean de la Fontaine !

> LE CHIEN ET LES CHACALS !!!!!

JAMAIS APPRISE A L'ECOLE , mais d'actualité malgré son âge

Du coquin que l'on choie, il faut craindre les tours
Et ne point espérer de caresse en retour
Pour l'avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent.
C'est ce dont je désire, lecteur, t'entretenir.

Après dix ans et plus d'homériques batailles,
de méchants pugilats, d'incessantes chamailles,
Un chien était bien aise d'avoir signé la paix
avec son voisin, chacal fort éclopé
Qui n'avait plus qu'un œil, chassieux de surcroît,
Et dont l'odeur, partout, de loin le précédait.

Voulant sceller l'événement
et le célébrer dignement,
Le chien se donna grande peine
Pour se montrer doux et amène.

Il pria le galeux chez lui,
le fit entrer, referma l'huis,
L'assit dans un moelleux velours
Et lui tint ce pieux discours :

« Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous !
Profitez, dégustez, sachez combien je voue
D'amour à la concorde nouvelle entre nous !
Hélas, que j’ai de torts envers vous et les vôtres,
Et comme je voudrais que le passé fût autre !
Reprenez de ce rôt, goûtez à tous les mets,
Ne laissez un iota de ce que vous aimez ! »

L'interpellé eut très à cœur
D'obéir à tant de candeur.
La gueule entière à son affaire,
Il fit de chaque plat désert
Cependant que son hôte affable
Se bornait à garnir la table.

Puis, tout d'humilité et la mine contrite,
En parfait comédien, en fieffée chattemite,
Il dit : «Mais, j'y songe, mon cher,
Nous voici faisant bonne chère
Quand je sais là, dehors, ma pauvrette famille :
Mes épouses, mes fils, mes neveux et mes filles,
Mes oncles et mes tantes que ronge la disette,
Toute ma parentèle tant nue que maigrelette.
Allons-nous les laisser jeûner jusqu'au matin ? »

"Certes non ! » répliqua, prodigue, le matin,
Qui se leva, ouvrit, et devant qui passèrent
Quarante et un chacals parmi les moins sincères.
Sans tarder cliquetèrent les prestes mandibules
Des grands et des menus, même des minuscules.
Ils avaient tant de crocs, de rage et d'appétit,
Ils mangèrent si bien que petit à petit
Les vivres s'étrécirent comme peau de chagrin
Jusqu'à ce qu'à la fin il n'en restât plus rien.

Ce que voyant, l'ingrat bondit :
« Ah ça, compère, je vous prédis
Que si point ne nous nourrissez
Et tout affamés nous laissez
tandis que vous allez repu,
La trêve entre nous est rompue !»

Ayant alors, quoi qu'il eût dit,
Retrouvé forces et furie,
Il se jeta sur son mécène,
Et en une attaque soudaine
il lui récura la toison,
Aidé de toute sa maison.
Puis, le voyant à demi-mort,
De chez lui il le bouta hors.

Et l'infortuné crie encore
«La peste soit de mon cœur d'or ! »

Retenez la leçon, peuples trop accueillants :
À la gent famélique, point ne devez promettre.
Ces êtres arriérés, assassins et pillards
marchent en rangs serrés sous le vert étendard.
Vous en invitez un, l'emplissez d'ortolans,
Et c'est jusqu'à vos clefs qu'il vous faut lui remettre.

Jean de LA FONTAINE

 
Posté : 17/11/2015 1:29 pm
(@segiraudeau)
Posts: 281
Reputable Member
 

Excellent!

 
Posté : 17/11/2015 5:36 pm
(@fabrice62-2)
Posts: 347
Reputable Member
 

C'est marrant, ça me rappelle vaguement quelque chose....

 
Posté : 17/11/2015 10:41 pm
(@airparterre)
Posts: 1932
Noble Member
 

Bonsoir,

Bizarre, en effet, .... un air de déjà vu ... ! Etait-il visionnaire ou simplement observateur ?? En tout cas, avec un sacré bon sens .....

A+ Serge

 
Posté : 17/11/2015 10:49 pm
(@jlg)
Posts: 88
Trusted Member
 

Bonsoir,
Attention : ce n'est pas de La Fontaine....
Pas grave, mais en ces temps troublés, restons sereins...

 
Posté : 18/11/2015 7:08 pm
(@airparterre)
Posts: 1932
Noble Member
 

Bonsoir,

Effectivement, il s'agit d'un pastiche qui est qualifié de "bien fait" ....... Il est visionnaire pour la simple raison qu'il est écrit dans le but que tout un chacun puisse y lire et y comprendre ce que nous estimons être la morale de notre époque. Surtout avec les événements récents, et ceux qui remuent depuis ces dernières années. Le fait que ce ne soit pas ce cher Jean qui l'aie écrit n'enlève rien aux qualités d'observation et de clairvoyance que je lui trouve. Même si une certaine modération semble nécessaire.

Voir le lien suivant pour y prendre quelques idées intéressantes.

http://cessenon.centerblog.net/6569994-le-chien-et-les-chacals

A+ Serge

 
Posté : 19/11/2015 2:15 am
(@jose)
Posts: 1855
Noble Member
Début du sujet
 

bonjour.
a vous lire j'ai une impression de déjà vu.
comme si ce sujet avait été abordé ici il y a un bon moment. :)
surtout le fait que ce ne soit pas de la Fontaine.
je vais chercher un peu! :D

 
Posté : 19/11/2015 9:53 am
Share: